Charles Burns fait partie des figures de proue de la BD américaine alternative. Maître incontesté du noir et blanc, il commence sa carrière avec le comics El Borbah, un détective privé aux allures de catcheurs mexicains évoluant dans un monde où la monstruosité est presque une norme. Il est très vite publié dans la revue Raw tenue par Art Spielgelman (auteur du fort peu connu Maus). Mais c’est à la fin des années 90 que la série Black Hole va le consacrer comme un auteur de renommée internationale.
Dans une bourgade américaine des années 70, un syndrome étrange frappe les adolescents. Cette maladie sexuellement transmissible surnommée la « crève » ne donne pas de fièvres, ni même envie de vomir. Elle a juste l’inconvénient de déformer les corps. Cette mutation transforme certains adolescents en véritables monstres et très vite cette différence fait naître l’angoisse, l’exclusion, le ressentiment et la violence.
L’œuvre même de Charles Burns est une parabole du mal-être de l’adolescence dans sa vision la plus obscure. Cette crève, forme fictionnelle du SIDA, a l’effet d’un révélateur. Mal dans sa peau, sans repères, confrontée à la violence symbolique des adultes et à celle plus réelle de ses pairs, cette jeunesse perdue n’a pour toute possibilité que la fuite ou l’exil par l’intermédiaire de drogues plus ou moins légales. Cette atmosphère de « long trip artificiel » comme le souligne Yvan, est renforcée par un dessin difficilement accessible mais incroyable et déroutant. Black Hole est dominé par cette ambiance graphique sombre, unique, pensée dans les moindres détails, du découpage jusqu’à la mise en place des aplats noirs. Ici l’ombre est partout et absorbe le lecteur dans ce trou noir ouvert sur l’inconscience. Tout cela est soutenu par un récit fluide malgré un scénario alternant flashbacks et points de vue des deux protagonistes principaux. L’osmose entre dessin et écriture est donc totale et forme ainsi une œuvre à la fois aboutie et originale.
Yvan, Champi, Paul et moi, sommes unanimes pour consacrer cette œuvre comme un véritable chef-d’œuvre de la BD contemporaine. Mo’, un peu plus mesurée, y voit une réflexion morbide, dérangeante mais percutante. Cependant, et je la rejoins sur ce point, elle met en garde les âmes les plus sensibles.
Vous l’aurez compris, nous commençons fort ce mois consacré à la BD américaine sans super-héros avec une œuvre très exigeante. Les habitués de la ligne claire et du réalisme franco-belge, les amoureux des sunlights des hommes en collant bleu risquent d’être totalement décontenancés par cet univers. Si vous appréciez Black Hole, nous vous conseillons de découvrir Le Roi des Mouches (Pirus et Mezzo) ainsi que les albums de Daniel Clowes (David Boring, Wilson). Ces deux références se rapprochent de l’esprit et de l’univers graphique de Charles Burns.
Salut l’équipe K.bd ! Une question , je suis actuellement dans la lecture de black hole. La couverture que vous présentez en image avec le titre en rouge sur les yeux de la personne, c’est la couverture d’une réédition ? Parceque j’ai choppé à ma médiathèque 6 volumes et aucun ne porte cette couverture !! Et je dois dire que cette lecture par volume est bien prenante ^^
Salut M’sieur oliv’ ^^ La couverture que l’on présente c’est celle de l’intégrale !
en 6 volumes c’est mieux car il y a des chouettes ‘double pages’ (les revers de la page de garde) qui ont disparu de l’intégrale. c’est un détail mais je les aimais ces doubles pages!
[…] (Paul Pope), 2008, Dargaud Black Hole – Intégrale (Charles Bruns), 2006, Delcourt DMZ (Brian Wood & Riccardo Burchielli), série débutée en […]
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