entete immortel

Le troisième volet du mois SF se déroule dans un one-shot en noir et blanc. Voici la suite de l’approche intersidérale, par une autre entité bicéphale. Gwen de Bonneval et Fabien Vehlmann vont nous faire vivre les derniers jours d’un immortel. Je vais quant à moi vous présenter mon premier voyage kbédien, un merveilleux cadeau pour moi que de commencer par cette synthèse.

Partons pour un futur lointain, et découvrons plusieurs civilisations regroupées dans une « Communauté Universelle ». D’un côté, nous avons les Ganédons, société prônant le paraître. De l’autre, ce sont les Aleph, créatures variées et subtiles tels d’énormes animaux marins. Ces deux cultures, et ce malgré leur forte intelligence respective, cohabitent très mal depuis des dizaines de milliers d’années pour une raison à déterminer.
Entre ces deux races, nous avons sur la planète Terre, un membre de la police philosophique reconnu et mandaté pour résoudre ce conflit : Elijah. Sorte de médiateur, et fort de son expérience, Elijah dissipe les tensions existentielles, délivre les solutions par le dialogue et dénoue les maux en prônant la compréhension. Son enquête sur le contentieux entre les Ganédons et les Aleph va le mettre à rude épreuve. Bien heureusement, nous sommes dans un monde où l’être humain peux se créer des « échos », sorte de clone et ainsi être à plusieurs endroits en même temps. Cette capacité à se démultiplier n’est ni plus ni moins que l’assurance d’une vie éternelle, autrement dit l’immortalité.
Toute fois, Elijah réfute de se croître à outrance car ce n’est pas sans conséquence. Il va se mouvoir à coup de téléportation et de voyage sidéral. L’issue de l’enquête n’en sera que rondement menée mais en proie au spleen, notre héros se pose beaucoup de question sur son Existence avec un grand « E ». D’autant plus qu’un de ses meilleurs amis a décidé de mettre fin à ses jours. Une prise de conscience se dresse alors sur le concept de l’immortalité. Et comme de part une déformation professionnelle, Elijah se voit philosopher sur sa vie afin de prendre du recul et de réfléchir sur le temps qui passe…

Les derniers jours d’un immortel est un voyage de cent cinquante pages où la notion de l’espace temps est somme toute relative pour cette investigation.
Le scénario de Fabien de Vehlmann (Jolies Ténèbres, Le marquis d’Anaon, Seuls, Des lendemains sans nuages), est donc axé sur des interrogations psychologiques et philosophiques avec comme centre du sujet, la mort. Rien de pesant pour autant, c’est parfaitement équilibré et vif. La trame de l’histoire est théâtralisée ce qui facilite la compréhension. Un style d’écriture sans artifice où les faits se basent sur une réalité scientifique purement inventive certes, mais tout en posant une réflexion très actuelle sur la croissance de l’humanité et sur le devoir de mémoire. Le rapport à soi et à l’Autre est reconsidéré. Vivre n’est plus la priorité, seul garder les souvenirs semblent compter. Le scénariste abordera aussi avec brio le thème de la sexualité donc de la procréation, transformant la question en sujet banal, sans complexe ni tabou.

Malheureusement, pour Choco, beaucoup de ces questionnements existentiels ont finis par la perdre. Il faut dire, comme je l’ai précisé, vaste sujet que celui de l’immortalité !
Maintenant, dans cette histoire, le côté « immortel » du héros semble pourtant avoir une faille. Faut-il poursuivre son chemin avec ou sans durée de vie prédéterminée ?

Le choix graphique de Gwen de Bonneval (La vierge froide et autre racontars, Messire Guillaume) est quant à lui subtilement dépouillé. Par un crayon légèrement charbonneux, il crédibilise et met en valeur les personnages. Le noir et blanc utilisé est donc en parfait accord avec le récit, sobre et élégant, il favorise l’imaginaire. Le trait minimaliste mettant en valeur les décors simples aux cotés rétro, années soixante et avec des costumes excentriques, cela donne un rendu qui se veut comme intemporel. Des illustrations sont parfois surprenantes mais elles n’encombrent aucunement et sont, sommes toutes, précises et concises. Il est fort accessible de s’y projeter.

Yvan, explique que les auteurs s’associent pour one-shot qui oscille entre le roman policier et le conte philosophique et il nous évoque des enquêtes policières très inventives qui ne sont finalement que prétexte pour mener une réflexion intelligente sur l’être humain.
Champi va jusqu’à nous prouver qu’Elijah est un des sages de la police scientifique et qu’il cherche les voies de l’objectivité la plus totale, afin de comprendre au mieux les étranges cultures qu’il découvre. Mais plus il s’ouvre à l’univers, plus il semble tourner le dos à son passé, à sa mémoire, aux siens…
Lunch est presque prêt à se téléporter pour aider Elijah à trouver la stabilité car il voit en lui, un immortel tellement différent des autres, un homme qui privilégie la communication avec ses échos et le devoir de mémoire.
Chez Mo’, est expliqué que l’auteur, pour ne pas alourdir son propos, a trouvé un jeu d’écriture qui lui permet de faire ressortir plusieurs degrés de compréhension afin que le récit ne perde pas de fluidité. Le pouce est levé pour un dénouement émouvant.

Un savant mélange, brillant et intelligent de la part des auteurs pour ce beau genre qu’est la Science-Fiction. Une lecture qui restera sans doute longtemps en mémoire autour d’une considérable réflexion philosophique sur notre destinée.

avatar Oliv couleur transp

Une réponse "

  1. […] série en 3 tomes, 2007 à 2008, Dargaud Croisière cosmos (Olivier Texier), 2008, Delcourt Derniers jours d’un immortel, Les (Fabien Vehlmann / Gwen de Bonneval), 2010, Futuropolis Fléau des dieux, Le (Valérie Manjin / […]

Répondre à Theme : Bienvenue dans la 4ème dimension | K.BD Annuler la réponse.