entete herakles

Hercule… Ses 12 travaux… A l’Ouest rien de nouveau ? Bien au contraire ! En 2012, on détruisait le monde. K.BD vous propose de le reconstruire en 2013 en revisitant les mythes et légendes qui ont forgé les civilisations du monde entier.
On commence par la très classique mythologie gréco-romaine, avec un titre pas si classique sorti en 2012, Héraklès. J’aime bien commencer l’année avec mes petits coups de cœur, je vous avais déjà fait le coup l’an dernier. Inutile – donc – de vous attendre à des critiques acerbes de la part de l’équipe, sachant que je ne suis pas la seule à l’avoir A-DO-RÉE !

On rencontre Héraklès (Hercule pour les latinistes) pour la première fois alors qu’il chasse le lion de Némée dont la peau est réputée impénétrable. Le reste de l’histoire, on vous la rappelle : Alcide est le fruit d’une des nombreuses amours incestueuses de Zeus, le dieu des dieux. Mais Héra, l’épouse de Zeus, est jalouse. Elle fait d’Alcide son jouet, et voilà que cette force de la nature se retrouve dotée d’une psychologie chaotique. La Pythie lui aurait un jour fait la prédiction suivante :

« Alcide. Fils de Zeus, roi des dieux de l’Olympe.
Tous devront désormais te nommer Héraklès.
Car tu seras la Gloire d’Héra, épouse de Zeus.
En son nom tu vivras et tu prouveras la valeur d’un Dieu.
Tu surmonteras les épreuves d’Eurysthée, roi de Mycènes.
Alors, immortel tu seras et l’Olympe deviendra ton foyer. »

Héraklès nous entraîne donc à travers les travaux imposés par Eurysthée, cousin non moins jaloux dudit Alcide. Mais Édouard Cour, jeune auteur qui signe du haut de ses 25 balais (ce qui ne fait pas un tas très élevé) sa première œuvre éditée, apporte à ce récit bien plus que la simple histoire d’Héraklès.
D’abord les personnages. Le héros lui-même pour commencer bien sûr. A lui seul il donne le ton. Il est pataud, balourd. David Fournol le compare à un « gros nounours » et Yvan à un « rentre-dedans » qui ne réfléchit qu’après. Et encore, s’il réfléchit, c’est plutôt bouffe et baston. « Un peu bas de plafond » traduit Livr0ns-n0us.
Attachant, le cœur sur la main malgré tout, maladroit, spontané et humain, presque inoffensif (presque !), il semble traverser sa propre histoire sans y attacher la moindre importance, il se contente de faire ce qu’on lui demande. Livr0ns-n0us le compare même à Polza Manicini, le héros de Manu Larcenet.
Un bonhomme bien loin de l’image véhiculée par les légendes. Comme d’habitude, faut toujours qu’elles en fassent trop, les légendes… Dans le fond, Héraklès est un homme normal.
Ou presque. Il n’en reste pas moins effrayant, une force de la nature qui abat les travaux les uns après les autres et dont les accès de violence rappellent effectivement l’image de l’ours… l’autre facette moins sympa. Rappelez-vous, il a été maudit par Héra. Hanté par ses vieux démons, il est bien plus complexe qu’il n’y paraît, cruel dirait PaKa.
Les personnages secondaires sont également pas mal soignés. On gardera en mémoire le sadisme d’Eurysthée et les bravades fort amusantes de Linos, ancien musicien au destin malheureux… On retrouvera en bonus à la fin de l’ouvrage la galerie des personnages pour ceux qui apprécieraient d’en savoir plus sur leur histoire et leurs liens avec Héraklès.

Vous l’avez déjà compris : Héraklès est drôle. Très drôle. Cette BD « se joue de la légende », comme l’exprime si bien Lunch. Les situations absurdes côtoient les grossièretés en langue d’Homère d’un côté, et des moments plus graves de l’autre. Pour ma part, je l’ai trouvée extrêmement cultivée, avec une parfaite maîtrise du sujet. Le traitement est, quoi qu’il en soit, fait avec beaucoup de modernité et de dynamisme, ce qui fait beaucoup de bien à cette histoire pourtant très classique ! Cependant, Champi écarte avec soulagement le danger de l’anachronisme. De son côté, PaKa regrette que les événements ne soient pas plus expliqués et développés. Lunch, lui, apprécie l’enthousiasme communicatif transmis à travers le mythe.

Du dessin, on ne peut en dire que du bien. Son grand atout ? Le dynamisme toujours ! Héraklès est constamment en mouvement. Si Yvan tempère par l’aspect répétitif des épreuves, David et Champi sortent tous deux enchantés par le sens du cadrage et du découpage de l’auteur. Les « hachure nerveuses et puissantes » (PaKa), le trait « incisif » (Yvan) qui sont la marque de fabrique de cet album ont laissé sur toutes les plumes le nom de Christophe Blain. L’auteur n’en a pas moins gardé une personnalité qui permet de dégager en prime ce que PaKa appelle un « souffle épique ». Edouard Cour lui-même avoue avoir été influencé par Astérix, Ulysse, Sangoku, Superman, et Livr0ns-n0us y a retrouvé la patte de Cyril Pedrosa et Joann Sfar. Les plus grand noms de la BD rassemblés en un seul titre… Chapeau Monsieur Cour ! Voilà pour le côté moderne.
Pour le côté plus antique, histoire de nous rappeler qu’on nage en pleine mythologie, les traits prennent l’aspect anguleux des profils grecs, les couleurs adoptent les ocres des amphores en terre cuite, le lettrage s’inspire clairement de l’alphabet capital hellène, les motifs géométriques reprennent les fresques doriques.
Entre les deux, les scènes « mémoire » prennent la pâleur de la mort, tandis que le vert s’empare des champs et des forêts lorsque le récit veut bien s’y prêter (c’est vrai que les promenades en forêt ne sont pas l’activité favorite de cet Alcide-là).
Livr0ns-n0us salue au passage le soin apporté à l’objet (couverture, qualité du papier, etc.) par l’éditeur, Akileos.

Nos avis :
Champi : « Fantastique travail ! » ; « De la belle ouvrage »
David Fournol : « Héraklès est donc un livre sur lequel il faut s’arrêter »
Livr0ns-n0us : « Mêle avec brio classicisme et originalité »
Lunch : « Un album vif, dynamique et efficace » ; « Et si c’était l’un des indispensables de l’année ? »
PaKa : « Avec toutes ces qualités, espérons que l’auteur transforme cet essai en coup de maître »
Yvan : « Une excellente découver
te »
et pour bien finir de vous convaincre, mon avis : « HERAKLES EST ABSOLUMENT GENIAL ! »

On attend tous avec impatience le second tome, suite et fin de cette aventure mythologique, qui devrait sortir pour début 2014.

avatar-badelel-couleur-transp

Une réponse "

  1. Camille dit :

    Je confirme, Herakles est une très belle BD, ça donne envie de lire le second tome !

  2. lunch dit :

    Il faudra patienter, il n’est pour l’instant prévu que pour début 2014 !

  3. Lunch dit :

    Et pour avoir rencontré l’auteur aujourd’hui : je confirme ! Il fait le storyboard encore quelques temps et il aura 200 pages à faire pour le T2 (les 4 travaux restants + développer un peu toutes les questions en suspend sur Herakles).

  4. […] Héraklès, inspiré de la mythologie gréco-romaine, l’équipe de K.BD poursuit sa revisite des mythes et […]

  5. […] d’Alan, L’ 18. Faire danser les morts 19. Folies bergères, Les 20. Ghostopolis 21. Herakles T1 22. Héros, Le 23. Il était une fois en France T6 24. Industriel 25. Kililana song T1 26. Krazy […]

  6. […] du petit peuple, Le (Pierre Dubois), Delcourt, série en 3 tomes publiés entre 2004 et 2005 – Héraklès (Edouard Cour), Akiléos, 2012 – Hercule (Jean-David Morvan), Soleil, 2012 – Héros, Le (David […]

  7. […] également l’avis à plusieurs mains de K.BD […]

  8. […] (et qui font toujours) leur succès. Nous ne parlerons pas du magique Courtney Crumrin, du mythique Héraklès ou du revanchard Billy Wild car nous avons déjà fait l’éloge de ces albums-là sur k.bd. […]

  9. […] Badelel à juste titre. Alors qu’Edouard COUR a dépoussiéré le demi-dieu avec son Héraklès, SHANOWER ne sort pas des sentiers battus, se voulant « le plus fidèle possible à […]

  10. […] synthèse de kbd, les chroniques de Jérôme, de Mango et de […]

Répondre à 3 ans déjà ! | K.BD Annuler la réponse.