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Dans la continuité du thème sur les biographies fictives, voici une œuvre qui fera sans nul doute l’unanimité. En tous cas, les quatre chroniqueurs de la semaine, David, Lunch, Yvan et moi-même avons été enchantés par cette découverte (ou cette relecture). Biographies fictives disions-nous. Celle-ci est assez singulière dans sa construction puisqu’elle intègre un élément fantastique, le voyage dans le temps. Mais point de science fiction là-dedans, nous vous emmenons loin des shōnens ultra-rythmés et entrons ici dans le monde nostalgique de Jirō Taniguchi. Bienvenue dans un univers poétique fait d’émotions simples et sincères.

Il n’est sans doute plus besoin de présenter Taniguchi. Auteur de mangas aussi divers que Le sommet des Dieux, Kaze no Shō (que vous avez déjà découvert ici), Au temps de Botchan ou encore L’homme qui marche, il est passé maître dans l’art de dépeindre le paisible quotidien japonais. Et nous sommes tous d’accord pour dire que Quartier Lointain compte parmi ses meilleures œuvres.

Pour David, c’est le résultat d’une synthèse entre L’orme du Caucase, Le Journal de mon père et L’homme qui marche. Chez Ben Dis… !, il est difficile à dissocier des thèmes abordés dans Journal de mon père. Jugez un peu :

Hiroshi Nakahara a 48 ans. Homme d’affaire plus préoccupé par son travail que par sa famille, il est toujours par monts et par vaux. Lorsque l’histoire débute, il est en partance pour un déplacement professionnel. Est-ce l’alcool de la veille ? Le voilà qui se trompe de train. C’est dans celui qui mène à sa ville d’origine qu’il se retrouve tout à fait par hasard. Espérant repartir par le prochain train, il profite de cette escale pour aller se recueillir sur la tombe de sa mère. Ce faisant, il s’endort et se réveille… 34 ans plus tôt. Homme de 48 ans dans le corps d’un enfant de 14 ans, d’abord déboussolé, il se replonge finalement avec délice dans son ancienne vie.

Cette improbable association entre fantastique et autobiographie donne l’occasion à l’auteur d’aborder ces thèmes qui lui sont chers : l’enfance (dont Yvan souligne toute la saveur), le passé, la tradition, le temps qui passe, la famille, la séparation…
Un bon prétexte pour aborder une réflexion sur le cours de choses, sur l’impact des actions passées sur l’avenir. C’est aussi l’occasion de poser des questions plus proches de notre quotidien, et en particulier du quotidien des Japonais : la place donnée au travail et celle laissée à la famille.

Cette approche donne également une profondeur particulière au personnage principal. Le décalage entre le corps et l’esprit crée des situations cocasses, tandis qu’il est tiraillé entre sentiments adolescents et réactions adultes. Une grande sensibilité et beaucoup de psychologie empreignent la perception vis à vis des autres personnages. Le dessin appliqué, détaillé et fin qui caractérise Jirō Taniguchi vient appuyer cette ambiance particulière encore jamais égalée par aucun autre auteur (ou alors on veut bien des noms !).

Bref, un manga à lire et à relire, pour des publics aux goûts très variés. Une œuvre majeure, pleine de charme, voire un chef d’œuvre !

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Une réponse "

  1. Joelle dit :

    Un de mes titres favoris de cet auteur :) J’ai été beaucoup touchée par les réflexions sur le passage du temps et sur les décisions qu’on prend et qui ont parfois beaucoup d’influence.

  2. Badelel dit :

    En effet, l’un de ses meilleurs de mon point de vue. Et aussi l’un des plus « grand public ». L’un n’empêche pas l’autre :)

  3. […] des mangakas. Connus pour ses œuvres comme Au temps de Botchan, L’Homme qui marche, Quartier Lointain, ou plus récemment, Garôden, Furari, Enemigo, Taniguchi a reçu le prix du meilleur dessin pour […]

  4. […] 2008, Kana Lorsque nous vivions ensemble (Kazuo Kamimura), série en 3 tomes publiés en 2009, Kana Quartier lointain – Intégrale (Jiro Taniguchi), 2006, Casterman Sakuran (Moyoco Anno), 2010, Pika Editions Un bol plein de […]

  5. […] rayon des biographies fictives, après le traitement « nouvelle vague » de David Mazzucchelli, l’exploration fantastique de Jiro Taniguchi et l’approche anthropomorphique de Gerry Alanguilan, nous vous proposons aujourd’hui un […]

  6. […] également l’avis de Badelel sur K.BD […]

  7. […] oui, c’est bien l’auteur prolixe du Journal de mon père et de Quartier lointain, du Sommet des dieux, de Au temps de Botchan, du Gourmet solitaire ou encore de Furari… Le « […]

  8. Storm dit :

    In dem Fall ist das Internet “Deutsch national” oder wie soll der Satz “Und was im Louvre, oder der Sixtinischen Kapelle ausgestellt ist, hat uns hier, im Geltungsbereich des Grundgesetzes, nicht zu in#e8essieren&tr221; verstanden werden?Ps. Mein Kampf = nicht verboten!

Répondre à L’homme qui marche (Taniguchi) | K.BD Annuler la réponse.